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la plume de Cat
28 août 2016

féminisme: n.m.

Je suis féministe. Je suis née à la fin du 20eme siecle, bien loin des révolutions vestimentaires, parlementaires pour les femmes. Ce féminisme, c'est un peu un acquis de mes prédécesseurs (intéressant ce mot, qui n'existe pas au féminin..) 

Mais maintenant, en 2016 et depuis quelques années, ce féminisme se bat contre le harcèlement de rue. Parce que la société a continué a faire de la femme un objet, et qu'elle a continué a dire aux hommes qu'ils peuvent juger, héler et insulter toutes les femelles dès qu'elles sont dans un lieu public, quoi qu'elles portent. Les réseaux sociaux sont porte parole de ce combat, a travers des caméras cachées, des longs articles poignants de femmes qui racontent. 

Je suis féministe, mais je ne me retrouve pas dans ce harcèlement. Je ne suis pas une de ces filles a la mode qui marchent et se font siffler dans les rues de Paris, ou de n'importe quelle autre ville. Je ne dis pas qu'elles le méritent, que ca ne leur porte pas préjudice. Je le comprends tout a fait. Mais je ne suis pas elles. 

Je peux me promener a Paris seule, meme en robe, sans avoir de remarque désobligeante sur ma tenue. Je ne me fais pas klaxonner ni siffler, quelle chance. Mais je voudrais vous parler d'un autre harcèlement dont je suis très régulèrement victime, aussi loin que mes souvenirs remontent. 

Je suis harcelée sur mon physique, car je ne rentre pas dans les cases de la normalité de notre société. Je ne suis pas jolie de visage, même si je ne me trouve pas difforme. Je n'ai pas un corps svelte, je ne dépasse pas le mètre 60 et j'accumule les kilos en trop. Je ne suis pas une gravure de mode. 

Sur ces conclusions, je ne me fais pas harceler de la façon "médiatique" actuelle. Je récolte sur ma route des brimades, des ricanements, des moqueries. Meme pas voilés, annoncés bien forts, que je puisse les entendre, que ça me blesse. Le plus souvent de personnes en groupe, de tout âge. Mais même de certains en voiture, qui me crient des insultes par la fenêtre. 

"oh putain, elle est belle elle!" "gros cul" ou même juste de façon implicite "ce cul!", j'ai même eu droit a être appelée "le truc" par des amis d'une amie. Charmant. Et c'est une liste non exhausitve de ce que j'ai pu entendre depuis une vingtaine d'années.  Même à l'écrit, j'ai mal en citant les moqueries dont je suis victime, j'en ai trop honte. Mais je sais qu'il faut que je me force, pour toutes celles qui sont dans le même cas que moi. 

Je ne suis pas jolie, mais je ne l'ai pas choisi. Je ne suis pas jolie, mais j'ai le droit de me promener dans la rue sans être mise plus bas que terre. 

Quand j'entends une de ces réflexions, mon coeur saigne, et au delà de la haine que j'ai pour cette personne qui se moque, je me déteste à moi aussi. Je suis la victime qui a honte. Celle qui baisse la tête et marche rapidement pour qu'on la remarque le moins possible. 

Quand ces moqueries sont faites au primaire, ce ne sont que des enfants. Je suis partie de mon village d'origine. Trop de souffrances. 

Quand ces moqueries sont faites au collège, ce ne sont que des adolescents. Je suis partie de mon département. Trop de souffrances. 

Quand ces moqueries sont faites au lycée, on n'a déjà plus la force de se battre. 

Je suis féministe, et je préfèrerais qu'on juge ma jupe trop courte et qu'on m'insulte sur cela, car cette jupe aurait été mon propre choix. Je ne peux pas changer de visage. Je ne peux pas changer de postérieur non plus.

Cet article, j'ai hésité longuement à l'écrire, car je ne veux pas le publier. La cybermoquerie est encore pire que celle de la rue. L'un comme l'autre, sous couvert d'anonymat, sont juste des défouloirs pour ceux qui croient qu'un corps musclé ou un visage agréable leur permet d'insulter celui ou celle qui n'a pas cette chance. 

Alors ce blog sur la nudité est un support parfait pour dire a quel point, habillées ou pas, les femmes qui subissent ces remarques se détestent, détestent leur reflet dans le miroir. Même quand on essaie de ne pas être influencées par la société, la télé, les réseaux sociaux. il y a toujours des abrutis pour nous le rappeler alors que tout ce qu'on demande, c'est d'être ignorée. 

 

Cat

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