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la plume de Cat
28 septembre 2017

Photographies

Au fond d'un tiroir poussiéreux et en désordre, elle m'attend, la boîte remplie de photographies. Jaunies, cornées, pliées, elles attendent patiemment depuis des années, qu'on les regarde, qu'on se souvienne.

Je soulève le couvercle avec appréhension. Elle semble se jouer de moi, cette boîte! A l'intérieur, tout semble bien rangé, mais ce n'est qu'une apparence. Les photographies d'enfance côtoient directement celles des diplômes, des mariages, des naissances. J'en pioche quelques unes au hasard. La star, c'est moi. En même temps, la boîte s'appelle Alexandra.

Je regarde ces clichés, une demi douzaine de Moi à des âges variés. Ici en petit rat de l'opéra amateur, là pour l'anniversaire de mes parents. Sur un poney, pour ma communion, et pour mon mariage.

Mais ce ne sont pas mes différents visages qui attirent mon regard. C'est celui qui se tient sur chacun des clichés, ici une ombre, juste une main, son sourire, une présence rassurante. Je ne me souviens pas qu'il était sur la photo, avant de la revoir d'un oeil neuf aujourd'hui. Mais je me souviens encore moins de la dernière fois où je lui ai dit merci, ou je t'aime.

Pourtant je l'aime! Mais ça ne se dit pas entre nous. On le sait, c'est évident, donc pas besoin de le dire. Il m'aime aussi, j'en suis certaine, d'un amour inconditionnel, c'est évident aussi. Sa façon de se tenir comme mon ombre, pour me protéger, vaut bien tous les mots.

Mais les années ont passé et il n'est plus le trentenaire qui me tient sur un poney pour ne pas que je tombe, le quinqua qui est fier à mes côtés dans l'allée de l'église.

Assise devant cette boîte poussiéreuse, je sens que ce non-dit me pèse. Alors je fais ce que j'aurais dû faire depuis des années, je décroche mon téléphone. Dans ma main, une photo où une enfant qui me ressemble l'enlace sans pudeur. Où est passé cette étreinte, depuis combien de temps?

Au bout de trois sonneries, sa voix retentit dans le combiné, celle du premier et dernier homme de ma vie.

"Papa? C'est moi, Alexandra. C'était juste pour te dire que je t'aime"

Une larme roule sur ma joue. Je ne savais même pas qu'elle existait, cette larme. Mais je sais que cet amour existera toujours.

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