Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la plume de Cat
18 septembre 2014

Princesse Nahéma

bonjour bonjour!

Pour ce premier article, je vais dépoussiérer un peu un vieux défi d'écriture fait dans une vie bloggesque antérieure ^^ Voici un conte moderne revisité par Cat, avec des mots imposés à placer. Enjoy :)

 

 

 

            Il était une fois, une jolie princesse appelée Nahema. Elle vivait dans un château d'or blanc sur les bords de la Mer Rimosa, réputée pour sa barrière de corail couleur aubergine, qui enserrait l'île Opalia, aux longues plages de sable blanc. Les gens venaient du monde entier admirer les reflets violine au fond de l'eau translucide, et Nahema aimait par dessus tout flâner le long de l'eau, ses cheveux auburn au vent, ses yeux verts étincelants d'intelligence et d'amour de la vie.

Sa mère, la belle reine Astrée, était morte en couche 19 ans plus tôt, et la nation continuait à pleurer leur souveraine adorée. Son père, le Roi Alberic, régnait avec sagesse sur tout l'île depuis 34 ans. A ses yeux, rien n'était plus beau que sa fille unique, perle parmi les perles. Mais ce qui le rendait triste, c'était le manque de prétendants sérieux pour elle sur cette île.

Nahema, pourtant, ne semblait pas s'en préoccuper. Avec son amie Asao l'hirondelle qui ne la quittait jamais, elle préférait s'adonner à sa passion: la photographie. La princesse était très douée, et avait déjà ouvert sa propre galerie, comme une vraie photographe professionnelle. Mais son statut de princesse ne lui permettait pas d'exercer un métier, même artistique.

Un soir, alors qu'elle était seule dans sa galerie à classer des photos, un claquement à l'extérieur lui fit lever la tête de son ouvrage. Remplie de frayeur, Asao me mit à voler tout autour de la pièce. Nahema sut que cette mise en garde de son amie était sérieuse, elle faisait confiance à son instinct de survie depuis qu'elle l'avait sauvée en l'empêchant de toucher une grenouille dendrobate, la plus mortelle du Monde.

Le claquement reprit. Nahema se leva et alla sur la pointe des pieds jusqu'à la fenêtre. Et ce qu'elle vit remplit son coeur d'un sentiment étrange qu'elle ne connaissait ni ne comprenait.

Dans la rue à quelques mètres, à la lueur d'un lampadaire, une silhouette familière mais pourtant inconnue déchargeait un petit camion. La princesse lut 'Ets Bogliasco, forgeron de père en fils'. Ce nom ne lui disait rien du tout. 'Sûrement un Sudiste' pensa-t-elle. Son attention se reporta sur la silhouette, et elle put voir la perfection des courbes que masquaient un pantalon de travail et une chemise à moitié ouverte. L'homme, se sentant observé, se retourna vers sa fenêtre et leur regard se croisa. Elle put observer ses cheveux bruns tirant sur le roux, et un éclat vert illuminait ses yeux gris. Elle sentit son pouls s'emballer lorsqu'il esquissa un petit sourire. Il jeta un bref coup d'oeil à la devanture de sa galerie, comme pour s'enquérir du nom de la jeune fille, puis retourna à son ouvrage.

Asao tira la princesse de ses pensées en venant s'écraser contre la vitre. Elle ne s'était toujours pas calmée malgré l'absence apparente de danger. Nahema, à contrecœur, retourna à ses planches, essayant d'oublier le trouble insensé qu'elle ressentait. Heureusement, la nuit effaça les derniers émois et elle n'y pris plus garde.

Cependant, le destin en avait décidé autrement. Un matin d'été, quelques semaines après, alors qu'elle faisait un shooting sur la plage avec sa cousine Tiara, son modèle préféré, avec sa belle chevelure d'or qui semblait capter chaque rayon de soleil, elle vit passer sur la route le même camion où était attelée une caravane. Ainsi, l'inconnu semblait s'installer dans la région. Son visage si blanc d'habitude se teinta de rose, et sa cousine ne put qu'observer ce trouble sans en connaître l'origine. Elle l'exhorta à se confier, et, autour d'un plat de macaroni à la terrasse d'un restaurant, Nahema lui raconta le peu qui causait ce trouble. Tiara explosa de son rire cristallin et comprit vite que sa belle cousine couronnée était tombée amoureuse pour la première fois, d'une silhouette dans une rue. Nahema nia avec véhémence, mais comprit en même temps que l'avertissement d'Asao n'était pas contre l'inconnu, mais contre ses propres sentiments. Pour changer de sujet, elle prétexta de devoir aller au petit coin pour pouvoir reprendre ses esprits et échapper aux moqueries de Tiara.

Cet homme devint une obsession. Elle alla trouver son père, qui écouta sa chère fille avec un mélange de contentement et de tristesse. Content qu'elle s'intéresse enfin aux hommes pour lui donner un héritier mâle, mais triste qu'elle se fut entichée d'un forgeron. Le Roi Alberic ordonna sur le champ une enquête, et ce que découvrirent ses espions dépassa tout ce qu'il aurait pu imaginer.

Car ce que cet homme fort bon ne savait pas, c'est que Finn Bogliasco n'était pas un forgeron banal. Originaire de l'île de Calizia , voisine de celle d'Opalia, il était arrivé sans un sou dans une station balnéaire du sud d'Opalia. Après des petits boulots, il avait fini par s'installer à son compte en tant que forgeron. Mais il ne forgeât jamais rien. Jamais on n'entendît les coups de marteau, jamais on ne vît ses oeuvres. Alors que les rumeurs s’amplifiaient autour de son oisiveté , il plia bagages pour arriver dans la capitale, presque au pied du château. Il avait installé sa caravane près d'une déchetterie, loin de tout voisinage. Lorsque les espions du Roi planquèrent près de sa caravane, ils assistèrent à un spectacle étonnant: Finn, seul devant son miroir, sortit d'un placard une magnifique couronne d'or blanc cernée d'améthystes, puis la posa solennellement sur sa tête. Il s'observa quelques instants, avant de soupirer et de la reposer. Puis ce fut au tour d'une paire de boucles d'oreilles d'être sortie du placard. Elles étaient également en or blanc, avec une seule améthyste en forme de larme. Finn les regarda avec amour, puis les reposa dans leur écrin.

Les espions rentrèrent pied au plancher au château le soir même et demandèrent audience immédiate au Roi. Après un entretien animé, le Roi sortit précipitamment pour le garage, et les serviteurs entendirent rugir le moteur de la moto royale. Nahema, ayant assisté à toute cette agitation, n'y comprenait rien.

Son père rentra quelques heures plus tard, une ride de souci et de fatigue barrant son front d'habitude si lisse. A sa suite se trouvait l'inconnu. Son père les invita à se diriger vers son salon privé, signe que l'heure était grave. Nahema ne savait comment réagir et n'était pas à l'aise d'être si proche de celui qui hantait ses nuits. Après un long silence gêné où personne ne savait où regarder, le Roi prit la parole, sa voix claire et puissante altérée par un léger trémolo:

" Ma chère fille, je m'efforcerai de vous faire un résumé exhaustif de tout ce que j'ai appris en ce soir, ainsi que ce que j'aurai dû vous apprendre depuis tant d'années. Je ne sais par où commencer, ceci dépasse l'entendement quand on croit quelque chose enfouie à jamais. Voilà 20 ans, votre très chère mère Astrée tombait enceinte. Mais cette grossesse, célébrée dans tout Opalia, était menacée par une prophétie vieille de milliers d'années. Cette prophétie annonçait que l'arrivée de deux Opaliens simultanément conduirait au deuil de la nation, et si celui qui en était responsable vivait sur l'île avant ses 18 ans, tout l'île disparaîtrait, engloutie par les flots de la colère divine. La reine mourut en couche, non pas par votre naissance, chère Nahema, mais par celle de votre frère jumeau. Nous exilâmes alors le nouveau né sur une île voisine, et il fut confié à la bonté du couple Bogliasco." Le Roi se tut devant l'air horrifié de sa fille. Finn, lui, fixait le sol. Son visage était impassible. Le Roi reprit la parole. "Je veillais à ce que mon garçon ne manque de rien, car la douleur de me séparer de mon héritier légitime m'était aussi vive que la perte de ma femme adorée, mais je ne me présentais jamais à lui. Il reçu en présent de son 18ème anniversaire la couronne que portait votre mère le jour de notre bienheureux mariage, ainsi que les pendants d'oreilles de ce même jour. C'est ce qui a trahi sa présence sur notre île, car mes espions ont vite fait de remarquer nos emblèmes, ainsi que la similitude avec ma propre couronne. L'or blanc et les améthystes sont la marque des Opaliens, symboles de nos plages ainsi que de notre corail, mais seul un Opaliens de sang royal pouvait en posséder. Ma fille, ne pleurez donc pas, car cet amour que vous m'aviez décrit l'autre jour ne peut être que de l'amour fraternel, les liens unissant les jumeaux sont incompréhensibles. Votre bon coeur a su le reconnaître au premier coup d'oeil, et je remercie le ciel que ce terrible sort soit enfin conjuré. Malgré la douleur toujours vive de l'absence de votre mère, notre famille est de nouveau complète et mon héritier peut enfin retrouver les honneurs qu'impliquent son rang! Réjouissons nous, mes enfants!"

Nahema ne pouvait cependant pas se réjouir. Le choc était trop violent pour son coeur de jeune adulte. Les jours qui suivirent, elle passa le plus clair de son temps sur la plage, sous un cocotier avec Asao, sans parler à qui que ce soit. Mais au fond, elle savait qu'elle était reliée à Finn, ce frère qu'elle venait de rencontrer, ce parfait inconnu qui pourtant semblait encré dans son coeur, qu'elle aimait déjà malgré elle. Après deux semaines de violente bataille de sentiments contradictoires en son coeur, l'amour fraternel prit le dessus et elle se joignit à tout Opalia pour fêter le retour de l'héritier de la couronne.

 

      26ans plus tard, Finn, qui avait la bonté de coeur de sa soeur et la sagesse de son père, monta sur le trône d'Opalia, acclamé par la foule, sa soeur se tenant fièrement à ses côtés. Deux enfants jouaient plus loin, fruit de l'union de Nahema et de Graham, 'cousin' adoptif du Roi Finn pendant son exil à Calizia. Opalia continua à prospérer dans la joie, et plus aucune prophétie ne vient troubler la famille royale.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
la plume de Cat
Publicité
Archives
Publicité